Zoom 6 – Prenez garde aux chiffres du franchiseur

La loi impose au franchiseur de remettre au candidat à l’intégration de son réseau ses comptes annuels des deux derniers exercices (C. com., art. R. 330-1). C’est bien le minimum. Si l’information permet d’éviter de se lier avec un partenaire en mauvaise posture financière, elle est pourtant insuffisante à un double titre

Il est crucial de comprendre que ces chiffres ne doivent pas être considérés comme une garantie du succès futur. En effet, même un franchiseur avec des bilans positifs peut masquer des difficultés à venir, notamment en temps de crise où la dynamique du réseau peut être mise à rude épreuve. Pour une meilleure évaluation, il est pertinent d’examiner le poids du réseau en temps de crise, car la solidité d’un réseau peut faire la différence entre réussite et échec en période difficile.

  • D’une part, les chiffres du franchiseur ne disent pas grand-chose du succès des franchisés. Pour une raison simple : ces chiffres sont le reflet de l’activité d’un franchiseur, pas d’un franchisé. Ils englobent ainsi les droits d’entrée et les redevances facturées et, le cas échéant, le prix des marchandises écoulées au sein ou en dehors du réseau ou encore l’activité de succursales. Bref, le franchiseur peut s’enorgueillir de bons bilans, cela n’est pas forcément un bon signe pour ses futurs franchisés.

Il est donc essentiel de vérifier la réalité du franchiseur au-delà des chiffres. Comprendre la performance réelle des franchisés au sein du réseau, leur taux de réussite, et les défis qu’ils ont dû surmonter sont des aspects tout aussi importants pour évaluer la viabilité du partenariat proposé.

  • D’autre part, les chiffres du franchiseur n’évoquent que le passé, pas l’avenir. Les tribunaux refusent en effet de mettre à sa charge une obligation de remettre au candidat un compte d’exploitation prévisionnel. Certains franchiseurs le font spontanément, considérant qu’il y a là une manifestation de leur savoir-faire. Dans ce cas, il convient toutefois de rester prudent : seuls les chiffres grossièrement optimistes, élaborés sur des bases dénuées de sérieux, justifieront la mise en œuvre de la responsabilité du franchiseur.

Les candidats à la franchise doivent également considérer la stabilité du modèle d’affaires proposé, en tenant compte des tendances du marché et des conditions économiques actuelles. La prudence est de mise, car même des projections optimistes peuvent se révéler inadéquates si elles ne tiennent pas compte de la réalité du marché local et des défis spécifiques que le franchisé pourrait rencontrer.

Les chiffres que donne un franchiseur doivent être le point de départ d’une réflexion, pas le point d’arrivée. Ils fournissent une vue d’ensemble qui, bien que nécessaire, doit être complétée par une analyse approfondie du contexte économique, de la solidité du réseau, et de l’adéquation du modèle d’affaires avec les réalités du marché local.